Lucion

L’art de redonner vie à nos centres-villes

Cas vécu de la Ville de Mont-Tremblant par Louis Petitclerc, consultant pour Lucion et Christine Kerrigan, designer urbain.

Délaissés

Qu’on se le tienne pour dit, l’année 2020 aura transformé à toujours nos centres-villes, les amenant à s’adapter, à se réinventer, à innover. Plusieurs les ont délaissés, et ce, souvent par manque d’attractivité. Pour cause, la fermeture des commerces, l’annulation d’évènements, la popularité croissante du télétravail et autres ont rendu la vie difficile aux centres-villes. 

Pourtant, plusieurs solutions s’offrent aux villes afin de palier à la baisse marquante de l’utilisation récente des espaces publics. Partant de cette hypothèse, nous avons, au cours des derniers mois, réfléchi sur l’impact que peut avoir l’installation d’art public sur le dynamisme d’une ville et de ses citoyens. Voici quelques-unes de nos réflexions suite à notre plus récente collaboration avec la Ville de Mont-Tremblant. 

Faisant figure de proue de l’industrie récréotouristique québécoise, Mont-Tremblant est une ville d’un peu plus de 10,000 habitants qui reçoit chaque année près de 3 millions de visiteurs. Il n’est donc pas surprenant que, depuis le début de la pandémie de COVID-19, Mont-Tremblant, tout comme plusieurs autres villes à travers le monde, ait connu une baisse significative de ses activités touristiques.

Au cours de la dernière année, cette ville aura toutefois réussi avec brio à redynamiser son centre-ville en y aménageant une nouvelle place publique au cœur de celui-ci. C’est sur un terrain d’environ 80m², en face de l’église et en bordure de l’artère commerciale principale, que les citoyens peuvent à présent occuper ce nouvel espace urbain.    

Cet espace est en fait la résultante d’une plus grande réflexion, que la Ville de Mont-Tremblant a entreprise il y a plusieurs années déjà, sur le réaménagement urbain. L’aménagement d’une place publique telle que celle de Mont-Tremblant s’inscrit d’ailleurs dans un cadre plus grand qui vise à améliorer la qualité de vie des citoyens et à stimuler l’économie locale.

La place publique

Se basant sur la notion que l’espace public sert avant tout de support à diverses activités et à la socialisation, ce nouvel espace a été aménagé afin d’y permettre une utilisation 4 saisons. À l’été, jets d’eau, jeux de lumière et espaces de détente, et à l’hiver, l’installation d’une patinoire et d’un foyer donnent enfin à cet espace une vocation inclusive ayant pour but de rassembler toutes les strates de la société au même endroit.

Pascal De Bellefeuille, conseiller municipal de Mont-Tremblant, explique d’ailleurs qu’un groupe de citoyens, de commerçants locaux et de penseurs avaient été désigné à l’étape de la planification pour déterminer de quelle façon l’espace public pourrait prendre forme, et comment réussir à faire vivre ce lieu de rassemblement.

Enfin, tel que vécu à Mont-Tremblant, que ce soit par l’aménagement de mobilier urbain, par la mise en place d’évènements publics ou par l’intégration d’installations d’art public, plusieurs moyens restent susceptibles d’attirer la population à se réapproprier la place publique et leur centre-ville. Nous profitons donc de cette opportunité afin d’aligner notre réflexion sur l’art public et de son utilisation précise à Mont-Tremblant.

L’art au service de l’espace public

Dans ce contexte, l’art public ajoute une valeur importante à la culture, à la communauté, à l’expérience urbaine et à la vitalité économique des villes. Il contribue à l’identité même d’une communauté, donne vie à un espace commun, propose des expériences partagées, crée un sentiment d’appartenance et de la fierté à la communauté. Prenant toujours en exemple la Ville de Mont-Tremblant, l’intégration de l’œuvre multimédia 

« Jardin céleste » lors de l’inauguration du nouvel espace public s’est tout de suite fait ressentir sur l’achalandage et sur l’appréciation globale que la population accorde à cet aménagement urbain. 

Enfin, c’était grâce à l’art public que les citoyens et les visiteurs de Mont-Tremblant ont pu vivre une expérience en commun, et ce même en temps de pandémie. Selon M. De Bellefeuille :  

« Jardin céleste est l’élément déclencheur qui va créer cette magie, qui va faire ressortir l’enfant en soi, qui va faire en sorte que les gens vont venir échanger » au centre-ville. 

En outre, la présence d’une œuvre d’art public a un impact significatif sur le temps que les visiteurs accordent à un lieu, ce qui bénéficie indirectement les commerces limitrophes et redonne souffle aux quartiers pendant cette période où ils en ont vraiment besoin.

De nombreux villes et villages expérimentent différentes façons de mesurer l’impact des installations artistiques et de design telle que la mesure du trafic sur les médias sociaux. Mont-Tremblant nous a informé avoir constaté un achalandage sans précédent sur les réseaux sociaux suite à la publication de l’annonce de l’installation « Jardin céleste » au nouvel Espace public.

Finalement, tel que le mentionne M. De Bellefeuille, « Jardin céleste » vient s’inscrire dans la vision de la ville d’utiliser l’art et la culture non seulement comme un outil pour la communauté, mais aussi comme un outil de développement économique. Preuve que les installations d’art sont souvent nécessaires à la vitalité et au dynamisme des centres-villes.

Nous commençons à voir certaines villes encourager davantage la collaboration entre municipalités et artistes, concepteurs, divers professionnels et citoyens dans leurs efforts de relance. Comme nous l’avons vu à Mont-Tremblant et dans diverses autres villes du monde, il s’agit clairement d’une stratégie qui portera fruits alors que nous naviguons collectivement vers un retour à la normale.

« L’art est un effort pour créer, à côté du monde réel, un monde plus humain. ~ André Maurois »

Un grand merci à Daphnée Cyr, Coordonnatrice Culture et Loisirs de la Ville de Mont-Tremblant pour sa vision dynamique.